Choisir son accordéon
Choisir un accordéon n'est pas quelque chose d'évident (c'est d'ailleurs la question qui a conduit à la création de ce site). Comme souvent, une des premières choses à faire sera de définir un budget (même approximatif) : tous les degrés de sophistication existent, mais cela a un coût. N'hésitez pas à utiliser le sélecteur de budget dans le comparatif pour vous faire une idée de ce qui peut être proposé à un budget donné. Viennent ensuite des considérations qui vont dépendre de chacun·e mais qui se répartissent majoritairement selon deux critères : possibilités en termes de sonorités (nombre de voix, registration, pour en savoir plus, consultez le guide dédié avec sons) et possibilités en termes de répertoire (nombre de rangées, nombre de basses, organisation du clavier).
Quelques conseils d'ordre général sont résumés ici, mais il ne faut pas oublier que le critère qui doit primer lors du choix de son accordéon, c'est le ressenti en jeu. C'est une évidence de le dire, mais essayez le plus de modèles que possible, à qualité de fabrication et caractéristiques équivalents, c'est votre ressenti qui sera l'arbitre.
Avant de commencer, il n'est pas inutile de rappeler qu'il n'y a pas d'accordéon qui soit vraiment meilleur qu'un autre (outre la qualité de fabrication qui peut objectivement être classée). Le milieu de l'accordéon diatonique est souvent traversé de querelles stériles attribuant bons et mauvais points à tel ou tel type d'accordéon : le diato, ce serait deux rangs et huit basses, et c'est tout. En vérité, de une à quatre rangées main droite, de deux à 60 basses, le meilleur accordéon c'est celui avec lequel vous êtes à l'aise, c'est celui qui permet de vous exprimer comme vous le souhaitez. Tout le reste n'est que vanité.
Pour débuter
Les modèles de débutant·e·s sont souvent des accordéons à deux rangs (parfois 2 +2 boutons) à deux voix et huit basses. Pour commencer, il y a plusieurs modèles d'étude fabriqués en usine, citons le 2915 chez Hohner ou le Wiener 86 chez Weltmeister, deux modèles équivalents en termes de caractéristiques et situés largement sous la barre des 1 000 € en neuf. Pour des budgets similaires, il est possible de trouver en occasion des modèles de manufactures, citons par exemple le Studio chez Castagnari ou le Bouëbe chez Saltarelle. Enfin, si le budget est compatible, les artisans proposent des modèles bien conçus à des prix tout à fait raisonnables (comptez entre 900 et 2 000 €), citons par exemple le Simplex d'Antoine Errotaberea ou encore le Graet e Breizh de Bernard Loffet. La différence de prix avec les modèles d'usines est justifiée par la différence de mode de production d'une part, mais surtout par la différence en termes de qualité.
Par rapport aux modèles d'étude d'usine, les modèles d'artisans ou de manufactures présenteront en général une meilleure sonorité, une prise en main plus agréable et une finition de meilleure qualité, mais sans que cela change quoi ce soit au niveau des possibilités musicales : si vous en doutez, allez voir Audrey Le Jossec ou Raquel Gigot, toutes les deux utilisent un 2915.
On peut aussi considérer qu'aujourd'hui, avec la multiplication des modèles compacts et légers, on aurait tort de s'interdire de débuter sur des modèles à trois rangées : cela a l'avantage d'intégrer dès le début la troisième rangée à l'apprentissage.
Pour évoluer
La première des questions si vous voulez changer d'accordéon est la suivante : que voulez-vous faire avec ? Allez-vous jouer seul·e ? En groupe ? Si vous allez jouer en groupe, quels sont les autres instruments ? Quel type de musique allez-vous jouer ? Jusqu'ici, avez-vous été limité·e dans votre jeu par le manque de certaines notes ? Par le manque de certaines basses ?
Si vous ne savez pas répondre à ces questions, il est probable que l'accordéon que vous avez actuellement vous suffit : tant mieux ! C'est aussi possible que vous n'ayez pas réfléchi à la question, auquel cas n'hésitez pas à en parler avec d'autres accordéonistes, à essayer des instruments avec plus de possibilités, à vous demander ce qu'utilisent vos accordéonistes favori·te·s. Tout cela pourra vous aider à y répondre.
Le nombre de boutons
Il est assez facile de se retrouver limité·e à cause de la présence d'altérations accidentelles dans une mélodie qui vous plait, ou bien de devoir jouer avec une autre personne qui a un instrument jouant dans une autre tonalité, etc. Si la plupart des accordéons possèdent ces altérations dans le bas du clavier (dans les graves, en haut de l'instrument), ça n'est pas systématique (prenez par exemple le 2915) et la gymnastique que cela suppose peut nuire à la fluidité de votre jeu. Pour cela, les modèles à deux rangs + deux boutons ou les modèles à deux rangs ½ sont idéaux. Ils permettent de limiter la gymnastique superflue, de pouvoir jouer des mélodies faisant appel à des altérations, de transposer dans les tons voisins sans trop de peine, de compléter les possibilités harmoniques, le tout sans excès de poids, ni de modifications substantielles de la taille des caisses.
L'aboutissement de cette logique est l'instrument avec une troisième rangée complète, qui permet la même chose que les deux rangs et demi, mais sur un ambitus plus important. Ces accordéons permettent en outre une meilleure régularité dans la disposition des notes (là où les deux rangs et demi obéissent à une logique plus opportuniste, faute de place), et ne sont pas forcément, selon les marques et les modèles, beaucoup plus lourds que les modèles à deux rangs ½. Plus d'informations au sujet des plans de clavier dans le guide dédié.
Le nombre de basses dépend à la fois du nombre de boutons à la main droite et de ce que l'on souhaite faire. Il est courant jusqu'à deux rangées et demie de se satisfaire de douze basses, mais la question qui peut se poser est sur le choix entre douze basses ou plus (18 ou 24) sur des trois rangs complets. C'est entièrement une affaire de choix : plus de basses veut dire plus de possibilités, au détriment du poids de la caisse main gauche qui augmente. À noter que l'utilisation d'un système mixte n'augmente pas forcément le poids par rapport à des modèles à douze ou 18 basses.
Enfin, ne prêtez pas d'attention particulière dans votre choix aux personnes qui clameront qu'au-delà de deux rangées et huit basses, ce n'est plus un accordéon diatonique. En plus d'être factuellement fausses (les instruments restent organisés selon une ou plusieurs gammes diatoniques, à la différence de l'accordéon chromatique, vous ne perdez pas vos acquis sur les deux premières rangées), ce genre d'affirmations nous éloignent du but final : faire de la musique et se faire plaisir. En dernier ressort, il n'y a que cela qui compte.
Le nombre de voix et de registres
Les voix jouent sur un autre facteur, qui est le timbre. La plupart des accordéons ont deux voix flûte, avec plus ou moins de vibrato. Les deux autres voix sont la voix basson, située une octave en-dessous de la voix flûte et la voix piccolo, située une octave au-dessus de la voix flûte. Les différentes combinaisons de ces voix constituent les registres et augmentent la palette de sonorités possibles sur un même instrument. Peut-être plus encore que le nombre de voix en lui-même, la registration est l'élément clé. Sur un accordéon avec deux voix flûte et un une voix basson (le cas de figure le plus courant pour les accordéons à trois voix), le nombre de combinaisons utiles est de cinq : plein jeu (toutes les voix), bandonéon (voix flûte juste et voix basson), vibrato (les deux voix flûte), flûte (la voix flûte juste) et basson (la voix basson). Cependant, selon le nombre et l'effet des registres physiques sur l'instrument, toutes les combinaisons ne seront pas accessibles. Les modèles les plus simples permettent à l'aide d'une tirette qui actionne ou non la voix basson de passer du registre vibrato au registre plein jeu, les modèles les plus complexes donnent accès à toutes les combinaisons. Attention cependant, les possibilités de registration ne sont pas sans incidence sur le budget.
N'hésitez pas à consulter le guide dédié à ce sujet pour écouter les différentes sonorités possibles.
La question du poids
Un argument longtemps entendu à la défaveur des accordéons à trois rangées est celle du poids (souvenez-vous, certain·e·s parlaient « d'armoires normandes »). Dans les faits en revanche, la différence de poids entre deux et trois rangées (à nombre de voix et registres égaux) va de quelques centaines de grammes au kilogramme, très rarement plus, sans qu'il y ait en outre un changement radical de dimensions. Il est important de nuancer très fortement la question du poids. D'une part les données indiquées peuvent varier d'une fabrication à l'autre et selon l'essence de bois utilisée ; d'autre part le ressenti et la taille des caisses vont jouer beaucoup plus sur l'impression de lourdeur que la valeur absolue du poids. Si le poids en lui-même donne une indication (un Myrmidon est à l'évidence plus maniable qu'un Sarabande III-24), il n'est pas un gage absolu de la maniabilité d'un instrument. Les dimensions sont un indicateur probablement plus pertinent : en augmentant, le volume d'air provoque une plus grande inertie dans le jeu, qui va plus se ressentir que les quelques centaines de grammes supplémentaires.